Aujourd'hui, je m'approche dangereusement de mon année de chômage. La date butoir que je m'étais fixée se précise de manière menaçante.
Cette date après laquelle je vais devoir penser à reconsidérer mes exigences, mes envies, mon orientation...
Cette date à partir de laquelle je vais probablement devoir prendre un "boulot alimentaire", comme on dit, histoire d'avoir un peu l'impression d'être active et d'avancer. Alors qu'au fond, ce sera tellement une régression.
Oui, dans quelques semaines (oui, d'accord, tout peut encore changer en quelques semaines, mais franchement, j'y crois plus des masses, là!), je vais un peu abandonner mes jolis rêves de petit boulot sympa dans lequel je me serais épanouie, où je ne serais pas allée à reculon tous les matins.
De ce petit boulot, pas forcément absolument génial, mais au moins dans ma branche, dans le secteur dans lequel je veux travailler et faire ma vie, où je pourrais faire des choses qui m'éclatent en plus des choses qui ne m'éclatent pas tant que ça.
Dans quelques semaines, un an de chômage. (Et bientôt mon Pôle emploi qui va aussi me dire que maintenant, ça commence à bien faire de vouloir faire du spectacle. Il va peut-ête falloir songer à trouver un "vrai travail"... Comme s'ils savaient de quoi ils parlent!) Un an de loose. Enfin, pas tant que ça, j'ai fait plein de choses chouettes. Mais un an à ne pas avancer.
Un an à enchaîner les entretiens, les ascenseurs émotionnels. A me prendre des murs, à y croire, et à me prendre des gifles, à ne plus savoir comment faire.
A entendre, infinément et désespérement, que je n'ai pas assez d'expérience. A avoir envie de crier que si personne ne me laisse une chance, je ne l'aurai jamais, cette fameuse expérience.
A penser que c'est pas juste. Que d'autres y arrivent, pourquoi pas moi. A me dire que finalement je ne suis peut-être pas faite pour ça, alors que c'est tellement ce que je veux faire.
Et qu'est-ce que je pourrais faire d'autre?!
Aujourd'hui, à 26 ans et Bac+5, je suis en train de considérer me réinscrire à la fac pour refaire un stage. Parce que trouver un boulot, là, je n'y crois plus.
(Bon aussi parce que mon entretien de lundi me trotte toujours en tête, et que j'ai un petit espoir de faire un stage chez eux. Ce qui serait, malgré tout, un truc assez bénéfique. Même si j'ai peur, parce que plus j'y pense, plus j'ai le sentiment d'être passée pour une débile... Alors que j'étais plutôt heureuse en sortant, tout en sachant que je n'aurais pas le job!)
Aujourd'hui, à 26 ans et Bac+5, je ne sais plus quoi et comment faire pour trouver un boulot.
On peut bien sûr blâmer le marché du travail, la conjoncture actuelle, la crise économique tout ça, la concurrence, le milieu du spectacle qui est un milieu fermé... On peut aussi critiquer ma formation et l'université (et on ne s'en prive pas, d'ailleurs!). On peut critiquer et mettre la faute sur beaucoup de choses, pour sûr.
Mais si le problème c'était juste moi? Moi, ma façon de me vendre, ma façon de parler? Moi, et mes compétences?
Et si c'était seulement que mes projets ne sont pas réalistes, qu'ils ne correspondent pas à la réalité de qui je suis, de ce que je suis capable de faire?
Le pire, dans tout ça, c'est que je sais que je peux faire ce métier. Je le sais.
Mais à force de m'entendre répéter à longueur d'entretien que je n'ai pas assez d'expérience pour faire les choses, je commence à douter. Je commence à croire qu'effectivement, je n'en suis pas capable. Je commence à remettre tout ça en question (enfin, pas mes envies, mais leur réalisme, peut-être)
Je commence à croire que tous ces cons, à l'époque où j'ai commencé, qui me disaient que ce n'était pas pour moi, tous ces gens qui n'ont jamais cru en moi avaient peut-être raison.
Je voulais leur montrer qu'ils se trompaient, que bien sûr que j'étais capable. Qu'un jour je les impressionnerais tous.
Et puis voilà...
Aujourd'hui, je m'approche dangereusement de mon année de chômage. La date butoir que je m'étais fixée se précise de manière menaçante.
Et j'ai envie de hurler.